Allēlōn
Une production Synaspora
Coproductions Météo Music Festival et Sport National
Allēlōn [/aˈli.lon/] :
grec ancien, l’un-l’autre, les uns-les autres.
Ce concept, partiellement intraduisible, porte en lui les notions d’interdépendance, de réciprocité dans l’échange. Il a donné naissance en français au mot allélopathie, désignant la faculté des plantes de communiquer par des interactions biochimiques.
Allēlōn est un écosystème de création musicale collectif et collaboratif initié par Olivier Duverger Houpert, saxophoniste improvisateur et interprète, doctorant en interprétation et création musicales au Collège Glarean (Université Strasbourg, Haute-École des Arts du Rhin & HfM Freiburg). Ce projet fait suite à plusieurs années de recherche, de rencontres et d’expérimentations, dans le champ des œuvres collaboratives mêlant écriture et improvisation au plateau.
Cinq compositeur·ices, quatre musicien·nes, un metteur en scène, une sonorisatrice et un éclairagiste y développent des compositions à improviser, ou comprovisations, et donnent vie à six formes scéniques : une forme sillonnant les cinq comprovisations — le spectacle Allēlōn — et cinq concerts, chacun dédié à une immersion dans l’univers d’une de ces pièces.

photo : Pierre Chinellato
Tout débute par l’entrée du public, accueilli par une création sonore de Maïlys Trucat qui nous guide discrètement dans l’espace du spectacle. Les frontières du plateau sont poreuses, nous invitant à nous mouvoir au sein des installations plastiques disposées ci et là, comme on le ferait dans une salle d’exposition. Ici, un dessin grand format rétroéclairé ; là, des objets et saxophones dispersés au sol, sous un écran ; de, l’autre côté une sorte de laboratoire d'objets ; au centre, amplificateurs, pédales d’effets et instruments, au pied de fauteuils surplombés d’un diptyque de papier où semblent imprimés des circuits électroniques. Au fond du dispositif, nous faisant face, la régie. Tout semble inerte. Mais presque vivant. Interconnecté, relié par un réseau câblé. Respirant au son de l’écosystème Allēlōn.
photo : Pierre Chinellato
Générique
Direction artistique
Olivier Duverger Houpert
Composition
Mathias Berthod · Stéphane Clor · Javier Muñoz Bravo · Sérgio Rodrigo · Nan Zhang
Mise en scène
Romain Gneouchev
Interprétation-improvisation
Saxophones, installations · Olivier Duverger Houpert
Clarinette · Irene Rossetti
Guitare électrique · Aquila Lescene
Violon · Alexis Tedde
Régie
Son · Maïlys Trucat
Lumières et régie générale · Lino Pourquié


photo : Morgan Gabelle
Note d'intention
Lorsque j’ai commencé à travailler en collaboration avec des compositeur·ices sur des pièces mêlant écriture et improvisation libre, j’étais interprète de musique contemporaine d’une part et improvisateur « libre » d’autre part. Je cherchais des moyens de faire cohabiter l’élaboration minutieuse d’univers musicaux – travail de composition – avec le frisson de l’instant propre à l’improvisation. Exprimer ma musique dans une confrontation, un dialogue avec l’intimité musicale d’un·e compositeur·ice. Pouvoir redécouvrir ces univers à chaque performance, en offrir un visage différent, amener ces musiques où elles-mêmes n’avaient pas prévu d’aller et de les laisser m’amener là où je n’aurai jamais été sans elles, se laisser surprendre par l’instant.
Allēlōn est constitué de quatre pièces pour saxophone et installations solo et d’une pièce pour les musicien·nes de Grch. Nos manières d’improviser s’y déploient au sein de contraintes compositionnelles. Celles-ci garantissent l’identité conférée à la pièce par son auteur·ice et la pérennité de ces univers musicaux. Tout en exhortant les individualités qui les improvisent à y exprimer aussi leur musique.
C’est dans la rencontre que la musique d’Allēlōn puise sa vitalité. Dans le dialogue des idées, le fourmillement des créativités. Comme dans un biotope où l’unité dépend de la diversité et la nourrit en retour, l’unité d’Allēlōn dépend des multiples liens tissés dans la collaborativité expérimentale. Des électroniques aléatoires de Javier Muñoz Bravo qui distordent nos langages post-atonaux, à la noise micropolyrythmique de Sérgio Rodrigo. Des drones et des polytemporalités bruitistes de Mathias Berthod à la cartographie poétique quasi-acoustique de Stéphane Clor, en passant par la machinerie DIY de Nan Zhang, chaque pièce résonne des empreintes subtiles des autres, de leurs traces, parfois fugaces, en filigrane. La multiplicité des approches et des esthétiques mobilisées se fond dans une forme commune, ciselée par la sonorisation de Maïlys Trucat, la mise en scène de Romain Gneouchev et les lumières de Lino Pourquié. S’y mêlent de moment en moment toutes nos voix, dans des atmosphères parfois sombres, cinématographiques, parfois lumineuses et aériennes, aux contours noise, post-rock, ambiant, minimalistes… Entre virtuosité et fragilité, entre exaltation et méditation intime, maîtrise contrôlée et transe performative.
Ici, nous créons des modèles qui rejoignent nos idéaux de société, nous investissons des manières de travailler qui disent autre chose. Nous nous tenons sur une brèche qui ouvre sur d’autres manières de penser la performance, l’œuvre, la musique, dans un manifeste artistique célèbrant la vivacité de l’improvisation et les écritures de l’instant.
photo : Morgan Gabelle



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